GÉNÉRATION D’IMPACT. Les Affaires vous présente les leaders de demain de la deuxième cohorte de Génération d’impact, un programme de formation d’intrapreneurs chapeauté par la Jeune Chambre de commerce de Montréal et Fondaction, avec l’accompagnement du Pôle IDEOS-HEC Montréal.

Présentation

Nom: Christian Kengne
Fonctions et entreprises: fondateur OSBL Black Hack Club & directeur principal de cybersécurité chez Fiera Capital Corporation

 

Questions-réponses

Les Affaires: Quel est le défi que vous souhaitez relever dans le cadre de Génération d’impact?

Christian Kengne: Dans le cadre de Génération d’impact, mon défi est de mettre en oeuvre une série d’ateliers axés sur la cybersécurité, l’intelligence artificielle et l’informatique quantique dans les écoles primaires. Cette initiative vise particulièrement les jeunes âgés de 7 à 13 ans, car c’est à cet âge que ces jeunes reçoivent souvent leurs premiers appareils numériques et commencent à explorer le monde en ligne pour leurs études ou leurs activités sociales.

L’idée est simple : offrir à chaque jeune l’occasion d’inventer son propre avenir en les exposant de manière interactive et attrayante à ces domaines émergents. À travers des ateliers ludiques et éducatifs, nous cherchons à créer un environnement où l’apprentissage se fait de manière naturelle et amusante, tout en leur procurant une satisfaction personnelle.

L’objectif est de les initier aux concepts fondamentaux de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique afin qu’ils comprennent les enjeux du monde numérique en constante évolution. Ce faisant, nous nourrissons leur curiosité pour envisager une carrière dans ces domaines et stimulons leur intérêt pour les technologies émergentes. En les familiarisant dès leur jeune âge avec ces concepts, notre ambition est d’inspirer la prochaine génération de leaders technologiques et de les encourager à participer activement à façonner le monde de demain.

 

L.A.: Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir agir sur ce problème?

C.K.: Lors de mes heures de bénévolat dans des écoles primaires, j’ai eu l’occasion de sensibiliser les jeunes au codage informatique, tout en abordant des sujets tels que l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Ce qui m’a frappé, c’est que la plupart des jeunes intéressés par ces domaines avaient un parent travaillant directement dans le secteur. Cependant, j’ai remarqué un déficit alarmant parmi les minorités visibles, les personnes noires et les jeunes nouveaux arrivants, qui rencontraient des difficultés particulières pour accéder aux technologies numériques.

Aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à des défis croissants pour assurer la sécurité de notre avenir numérique, la demande de personnes qualifiées ne cesse d’augmenter, tandis que l’offre reste insuffisante. Il est donc impératif d’inciter les jeunes à s’intéresser à ces domaines dès leur plus jeune âge. Malheureusement, bon nombre de jeunes au secondaire ou à l’université ont déjà pris des décisions quant à leur carrière. Bien que des reconversions professionnelles soient possibles, cela reste un défi majeur à relever.

 

L.A.: Qu’est-ce que ça prend d’après vous pour être un bon intrapreneur?

C.K.: Un bon intrapreneur doit avoir la capacité de penser de manière créative et de proposer des idées novatrices pour résoudre les problèmes. Il est essentiel pour lui d’être un leader rassembleur, capable de mobiliser des ressources et des compétences variées pour inspirer les autres autour d’une vision commune. Un intrapreneur doit savoir que les idées révolutionnaires ne naissent que rarement d’un moment de génie isolé, mais proviennent des interactions sociales. La créativité et l’innovation émergent souvent de la rencontre avec autrui.

De plus, il doit être capable de s’adapter rapidement aux nouvelles circonstances, car le chemin de l’innovation est souvent semé d’embûches et le changement ne survient pas d’un claquement de doigts. Garder à l’esprit que l’impact le plus profond réside dans la manière dont nous élevons et inspirons les autres à réaliser leur potentiel.

L.A.: D’après vous, quels sont les grands défis du monde des affaires du Québec inc.? Qu’est-ce qui doit demeurer sur leur radar?

C.K.: Le déclin du taux de participation au marché du travail au sein du Québec inc. est une préoccupation majeure. Avec plus de départs que d’arrivées, ce problème devrait s’aggraver dans les décennies à venir. Les jeunes entament leur carrière plus tardivement et aspirent à une retraite précoce, nécessitant une révision des modèles d’affaires et une adaptation aux besoins présents et futurs.

L’évolution rapide de l’intelligence artificielle suscite des inquiétudes quant à l’avenir du travail, incitant les syndicats à renforcer leurs conventions collectives pour protéger les travailleurs. Une transition vers l’IA peut améliorer la qualité de l’emploi et des services offerts à la population, on a donc besoin d’un dialogue social approfondi entre les secteurs public, privé et syndical pour faciliter les transitions technologiques.

De plus, l’insuffisance des investissements dans les PME est problématique, étant donné leur rôle crucial dans l’économie. Le manque de financement pour s’adapter aux nouvelles technologies et renforcer la cybersécurité, expose ces entreprises aux risques de cyberattaques et de violation des données confidentielles, soulignant ainsi la nécessité d’une attention accrue à leur soutien financier.

 

L.A.: Si vous aviez une baguette magique, à quoi ressemblerait l’employeur idéal? Que ferait-il de différent de ce que vous observez sur le marché?

C.K.: Dans un monde des affaires en constante évolution, les entreprises sont confrontées à la nécessité de s’adapter rapidement pour rester pertinentes et compétitives. L’employeur idéal dans ce contexte créerait un environnement de travail épanouissant où chaque employé peut s’épanouir pleinement et contribuer à la réussite de l’entreprise. Cet environnement privilégierait la flexibilité et l’innovation, remettant en question le statu quo avec des leaders empathiques et motivants où chaque employé se sentirait valorisé. Cela impliquerait de consacrer du temps non seulement au travail lui-même, mais aussi à l’idéation et au développement professionnel continu, ainsi qu’à l’engagement sociétal ou communautaire.

L’employeur idéal aurait un engagement fort envers la responsabilité sociale et environnementale, intégrant des pratiques qui répondent aux besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Une grande sensibilité à l’égard du développement durable et le sens de la communauté sont donc très importants. De plus, pour attirer et retenir les talents de la jeune génération, l’employeur idéal devrait reconnaître et s’adapter aux préférences uniques de cette génération. Il ne s’agirait pas de les traiter avec indulgence, mais plutôt de comprendre et d’embrasser leurs valeurs et aspirations. En intégrant ces éléments, l’employeur idéal deviendrait une destination attrayante pour la future génération de leaders et de collaborateurs.